Oui là on arrête tout. Même de respirer quand on a devant soit le Tetsujin 28 de la collection DX de Bandai. Le temps se fige. On vient de passer instantanément à une époque où les monstres aquatiques en caoutchouc sèment dans leurs couleurs pastelles une douce zizanie organisée pour que l’acteur dans le costume ne meurt pas de suffocation. Oui, on est là, perché sur le zéro de années 1970 et on se dit que ça va être bien.
A la base il y a le manga de Mitsuteru Yokoyama qui développe bien avant Paul Verhoeven cet espèce de Robocop Japonais. Le monde est méchant. Il a besoin de justice. Mais sans animosité. Alors Tetsujin 28 est là. 28 oui, car il en aura été nécessaires des essais pour aboutir à cet exécuteur d’ordres proche du parfait. Et juste proche parce que finalement piloté à distance par un… humain. CQFD presque ;).
Le Tetsujin est au Japon ce que Casimir peut être à notre hexagone ; une bonne grosse bestiole maladroite mais heureusement gavée de bonnes intentions. Pour les gens curieux de découvrir le manga, je préviens d’avance qu’il ne faut pas s’attendre à de l’inédit. Tout est calibré, formaté pour un public ciblé ce qui rend parfois certains épisodes inconfortables pour qui n’est pas Nippon. Mais bon, nos BDs populaires Européennes sont elles moins manipulatrices et stéréotypées ?…
Ce modèle là de robot est un gros coup de cœur. Découvrir son existence la première fois est une sorte d’exaltation. En se remettant dans le contexte l’adrénaline monte mieux : début des années 1980. Le Japon fait depuis plus d’une décennie sa réputation sur le matériel haut de gamme ou nécessitant un assemblage minutieux. D’où sa percée fracassante dans les domaines du matériel audio et vidéo entre autre. Cela reste pourtant une ile que le reste du monde contemple un peu la tête de biais. On ne se comprend pas trop en fait. Les maisons ayant déjà fait la réputation du Japon dans la création d’automates tournent un peu en rond depuis 20 ans. Surtout que les voisins Coréens et Chinois ont bien compris comment reprendre des principes qui fonctionnent et en minimiser les coûts. Les années 1970 sont donc noyées sous une vague de produits imités et largement répandus pour de simples raisons de coût, quitte à ce que certains modèles laissent quelques balafres aux mômes les plus audacieux les manipulant. Le prestige du « créateur » part en sucette…
Face à ce déclin de créativité, les entreprises les plus ancrées du Japon n’ont guère que d’avantage d’innovations à apporter à leurs produits pour rester dans la course. C’est de ce contexte que naitra la gamme DX, une série de jouets hors norme proposée à un tarif indécent bien avant que n’existent les… collector toys qu’aiment tant nos Nerds aujourd’hui !
Les DXs c’est d’abord un format : 40 centimètres, pas moins. Ce qui nous portera certains personnages pas loin de l’échelle du 1/8è ! D’autre part, c’est un respect du format robot. Comprendre matière. Comprendre métal. Oui, là le jouet est assemblé avec amour pour proposer une belle pièce généreusement pourvue en métal qui amènera fréquemment ces engins à friser le kilo et demi. DX c’est aussi DeLuxe. Alors autant se lacher. Et entre les attaches, fixations, clipsages, aimantages, naitront les plus magnifiques et détaillées pièces de l’univers Robot asiatique.
Pas étonnant donc que 10 ans m’aient été nécessaires pour enfin mettre la main dessus sans avoir à céder un de mes reins. Le déballage de ce T-28 tonché fût une cérémonie. Il est haut l’animal, avec ses 42 centimètres effectifs. Et il pèse effectivement un bon poids aussi. Les fusées aimantées au dos, il présente comme un imposant personnage. Poings éjectables, bien sûr, mais ça n’est pas là le meilleur. Le haut des bras révèle aux curieux un axe et s’ouvre pour dévoiler un peu de mécanique. Et soudain l’on réalise qu’on a un robot-stripper ! On contourne ses missiles de torse dévoiler un peu plus ses entrailles sous le capot. Au niveau inférieur, on découvrira que l’engin télécommandé à l’origine est en fait piloté de l’intérieur pour cette version révélant son pilote. Le Tetsujin 28 DX est effectivement habité, et pas qu’un peu ! D’autres compartiments, deux sur la jambe gauches et un sur la droite, génialement architecturés, révèlent d’autres personnages de plastique également articulés et aimantés sur chacune de leurs bases. L’élévateur dans la jambe droite peut être activé d’une manivelle à l’arrière du pied. J’avoue être resté un moment à tripper sur l’esprit généreux des créateurs de ce DX si poussé en détails.
Il est certain que la gamme DX de Bandai était un projet un peu fou. Du jouet technique vendu à l’époque autour de 150€ (vous pouvez multiplier par 2 ce prix pour chaque décennie écoulée pour imaginer ce qu’il coûterait s’il était lancé au moment où vous lisez ces lignes) pour un public sérieusement ciblé… il fallait oser. La gamme DX s’est tout de même rapidement essoufflée pour presque disparaitre jusqu’à ce jour de 2013 où est apparu, pour son 30é anniversaire, une magnifique version DX du Mazinger Z.
Bref, vous le comprenez : le Tetsujin 28 DX est un amour de robot, un objet capable d’attirer l’attention de tout le monde, grands comme petits, dans ce concentré sympathique de rigueur et de tendresse. A défaut de pouvoir vous le prêter un moment je partage déjà cette image avec vous…