L’auteur… parler de soi en évitant les longs « moi je… » propres à la profession en toute occasion de serrage de pognes… pas évident.
Alors Kyesos c’est moi, Jérôme Roudet dans le civil, mais ça en s’en fout un peu. Non ? Rhôooo… OK. Rien ne me prédestinait à devenir un « fabricateur d’images ». Surtout pas les aptitudes, ayant fait partie de cette génération où il était encore bien vu d’essayer de contrarier un bambin gaucher. J’y ai survécu et ma main directrice est toujours la gauche, même si je hais des générations de professeurs d’arts plastique qui m’ont complétement dégoûté de la peinture, incapables de comprendre que le geste naturel pour un non droitier est l’exact inverse de ce qui est couramment pratiqué. Passons.
Belle enfance choyée et déjà des envies de maîtriser des choses choisies, pas imposées. Il faut dire que quand on passe le plus clair de son temps à jouer avec des amis imaginaires, faute d’en avoir des concrets à moins de 10 kilomètres à la ronde, l’imagination devient salvatrice pour qui ne souhaite pas mourir d’ennui. C’est probablement de là que me viennent ces intentions fertiles de créer, pâteuses ébullitions dans ce qui me sert de cervelle et que j’essaie de retranscrire dans votre monde.
Je n’ai pas particulièrement de talent si l’on se penche vraiment sur les côtés techniques. C’est surtout ma grande polyvalence et les nombreux domaines que j’ai appris à maitriser qui me permettent d’ériger depuis le néant des visions spontanées ou commandées. Certes le feutre sur les tapisseries du logement familial est une technique que je ne recommanderais à personne, surtout si l’on est pas fan des ardentes déculottées qui en découlent. Papier & crayons sont d’extraordinaires outils qui n’ont besoin ni de batteries ni de wifi pour fonctionner tant que l’idée est là. Et on se fait pas engueuler par les parents.
Les professeurs d’arts plastique n’ont pas fait de dégâts qu’au niveau de la gestuelle. Ils se sont également avéré incapables de m’initier aux sensibilités des couleurs. Voilà pourquoi beaucoup de mes productions précoces sont essentiellement faites de noir & blanc. Ce sont les machines qui m’ont sauvé, même si sur un Mac 128 de l’époque on ne pouvait pas trop parler couleur. Mais quelle découverte ! Quelles sensations ! Maitriser au pixel près un graphisme jusqu’à ce que l’on décide qu’il est achevé. La révélation a été immédiate.
Sont arrivées d’autres génerations de machines 16 bits dont le fameux Amiga qui à lui seul m’a permis sur une même machine de tâter de l’image bitmap, de la 3D, de la PAO, de la musique et même de la programmation orientée objet. A 16 ans, je faisais publier mes articles informatiques dans des revues nationales qui ignoraient que l’auteur était mineur jusqu’à ce qu’on me demande un numéro de sécu’ . A 19, je vendais des bandes sons pour jeux vidéo, formais du personnel dans des boites internationales et bricolais de bornes interactives. A 21, un tout nouvel univers bien étrange s’ouvrait à moi…
Vendeur dans une enseigne spécialisée Commodore, j’avais ma clientèle fidèle, toujours avide de mes bon tuyaux de pré-geek. Et parmi eux ce monsieur d’âge bien tassé qui un jour me donna pour mission de lui équiper une salle complète dédiée au graphisme numérique. Nous étions en 1989 et Norbert Magnon avait bien senti le potentiel qu’apporterait le dessin sur ordinateur pour ses classes spécialisées dans son école, Polycréa. Un an plus tard, le même Norbert venait me revisiter, l’air plutôt embarrassé, tentant de m’expliquer qu’il avait les machines mais pas le bon prof’ apparemment. C’est ainsi que je me retrouvais propulsé sur les bancs de ce que j’avais toujours fuis avec belle ardeur : l’école. Mais de l’autre côté du bureau ^^.
Il n’est pas évident de résumer ce qu’est le boulot d’enseignant à qui ne l’a jamais expérimenté. C’est un métier particulier qui a la qualité d’avoir un quota de fumistes risible : on est prof’ par passion, pas pour casser la croûte. Trois années m’ont été nécessaires pour passer du stade du balbutiant n00b tentant de vulgariser les différentes technologies d’imagerie numérique à celui de gourou du pixel. A l’issue de ces 3 ans en équipe pédagogique nous avons tenté de monter et faire valider un des tous premiers diplômes d’infographie de France. Mission réussie peu après avec l’aval du Ministère de l’Éducation Nationale.
Je garderais toujours en mémoire cette riche expérience qui contrairement aux idées reçues, ne se contente pas d’être une vulgaire vampirisation du savoir qu’on propose aux élèves. Tous autant qu’ils sont, par leurs qualités comme par leurs défauts, échangent et apportent des pierres au subtil édifice qui nous permet de leur créer des cours adaptés et facilement compréhensibles. D’apparence à sens unique, cet échange est intense et bien à double sens. J’en ai autant appris que mes classes finalement et conserverais ces 10 années d’enseignement comme quelque chose de précieux et unique.
Pour le reste, je pourrais sortir la Bio’ courante : entreprises, boulots, expos, tout ça… mais franchement… les visuels parlent d’eux-mêmes (j’espère un peu ^^). Mon parcours zigzague sur les différentes aptitudes acquises. Quelques dates symboliques ponctuent le parcours : 1992 et des essais dans les médias écrits et radios. 1997 et les premiers balbutiements de sites web. 2002 et la communication commerciale à grande échelle. 2007 et cette acceptation de la photo comme domaine de compétences.
Je n’arrive pas à m’ennuyer. Il y a toujours quelque chose à essayer. Les commandes sont autant de merveilleuses contraintes qui s’empilent en challenges que je prends vraiment plaisir à relever. Si c’est quelque chose que je n’ai encore jamais fait, peu importent les difficultés : j’adorerais ! De l’autre côté les projets perso’ mènent vers de pure folies, souvent inutiles mais bon… quand tu fais de l’art, t’inventes pas des vaccins.
Je vends donc mon imagination à qui la veut. Je suis plus multimédia que les machines qui ne font que répéter ce qu’on leur donne. Je prends. Je construis. Je mélange. J’expérimente. J’assemble. Je présente. Images, textes et sons, trois merveilleuses bases suffisantes à transmettre toutes les sensations comme dans une immense palette. Et je ne m’en lasserais jamais…
Je tenais à placer un remerciement à toutes les personnes qui ont, à un moment ou un autre, supporté ce site. Ça n’est jamais évident de rester indépendant quand on a aucune subvention et que les quelques gens du milieu de l’art demeurent incapables de prendre 10 minutes pour étoffer une curiosité perdue depuis longtemps. Les moyens sont donc très limités et essentiellement consacrés aux partages. Les projets sont volontairement retenus faute de fonds. Mais le public est quand même là, aidant comme il peut soit par des donations ou simplement l’achat de quelques images. Sans vous j’aurais jeté l’éponge depuis longtemps je crois et c’est essentiellement pour vous que je continue dans la belle indifférence générale de nos années 2000. #JustCantGetEnough 😉