Graphisme - Photographie - Illustration

30 ans de numérique…

LES ENFANTS DU POKE

Un adolescent. J’étais un ado’ et avais déjà quelques tripotages d’ordinateurs 80’s dans les pattes. Genre à squatter l’Oric ou l’Atari 800XL du pote (oui, j’évitais les Sinclair ^^) pour monter mes propres listings en basic ou m’inspirer des programmes à recopier que proposait Hebdogiciel. Jouer aussi car c’est toujours ce qu’il faut pour un gamin, surtout quand le monde adulte ne comprend pas comment tu arrives à t’éclater sur ces trucs débiles. Et je n’avais donc pas d’ordinateur. Jusqu’en 1984 : mon gros évènement c’était sûrement cette première palette importée en France avec un logo de pomme et dedans : MON Mac 128. (F*ck)Yeah !

Apple Macintosh 128k

Logiquement difficile par la suite de ne pas rigoler un peu dans les salles info’ des lycées. Avec un Léanord Sil’z transformé en boite à rythme via son lecteur de disquette bruyant avec quelques lignes de Basic. Avec un Thomson TO7 et quelques autres lignes injectées sur la machine du voisin pour juste décaler le stylet optique déjà pas au top et observer la panique. Ou encore avec ces Epson QX-10 qui auront trahis ma carrière de cancre, un véritable équivalent de Mac Paint ayant été créé par mes soins en échange d’accès à la salle info’ plutôt que de semer le trouble en cours d’électricité ou chimie. Oui, le monde tourne comme ça quand on fonctionne par passions et que personne autour ne comprend vraiment qui on est, pourquoi on est déjà occupé par le futur alors qu’on gère si mal le présent.

Certes je n’ai jamais vraiment eu de talent de programmeur. Bonne logique d’esprit mais trop feignasse en mathématiques pour user des acrobaties des algorithmes avec efficacité. Le Mac est donc rapidement devenu un outils de créations. Des images bien sûr et ce malgré le noir & blanc et ces quelques 512×342 pixels d’affichage dans un format à peine plus grand qu’un minitel. De la PAO aussi, bien que beaucoup plus bricolée car pas encore encadrée de logiciels dédiés performants.

 

LA MALEDICTION DES PRE-GEEKS

C’est probablement l’Amiga vers 1987 qui m’a preque totalement orienté vers l’image. Oui la couleur ça change tout et surtout : les hautes résolutions ; 640×512 (avec un écran bien scintillant face au mal à supporter tant de pixels, bobo les yeux ^^). Tout s’est enchainé naturellement avec l’effervescente évolution des machines. Je garde tout de même quelques moments désagréables, notamment avec ces critiques de ces autres se prétendant spécialistes qui vous considèrent avec dédain alors qu’ils sont juste incapables d’anticiper le futur. Pour un graphiste nous n’étions que des culs-sans-doigts, ces gens là imaginant que les machines faisaient le boulot à notre place. Pour les photographes, juste une rigolade face aux immenses formats tirés depuis l’argentique. Pour les musiciens, des pleutres sans âmes probablement pas capables de jouer d’un instrument. Et ils sont où aujourd’hui tous ces gens qui ont raté le virage (ou finalement adopté sur le tard tout ce que nous faisions bien avant eux) ? Big smile… ^^

Commodore Amiga 2000 et Deluxe Paint <3

Aujourd’hui il n’y a presque plus un créatif qui fabrique du média sans passer par une de ces machines dénigrées pendant de longues décennies. Et ils ont presque tous compris que ce sont juste des outils inertes si personne n’injecte les idées qui les rendent utiles. Certes, il reste encore des fanatiques qui vont vous vanter un prétendu « travail manuel » avec des outils d’un autre age, mais la plupart ont depuis longtemps perdu toute notion d’inspiration et d’originalité. Ils se contentent de se planquer derrière une certaine technique pour justifier une présence qui n’intéresse plus personne. Un môme avec un smartphone et une appli’ de filtres fait souvent beaucoup mieux que ces rigolos de cirques qui sont à la profession des Jean Jacques Goldman calibrés comme les pommes sans saveur des supermarchés.

 

ARTISANS DU NUMERIQUE & FIERS DE L’ETRE

Trente ans donc que mon univers, le numérique, a emmerdé pas mal de monde mais surtout fait émerger toute une génération de créatifs qui ne cherchent plus cette perfection froide & aseptisée du digital, juste des expériences et autres moments magiques à partager. Il est peut être temps de relever un peu la tête et être fiers de tout ça. En tous cas c’est mon état d’esprit du moment et je continue, toujours avec la même énergie, de m’amuser à détourner et improviser les mélanges improbables d’innombrables outils à notre disposition pour rendre la création un peu magique.

Demain nous piloteront sans doute des robots artistes pour vous faire croire à nouveau que c’est le matériel qui fait tout. Mais seuls les naïfs goberont ces supercheries car désormais vos accidents de créations ne vous rendent pas moins artistes que vos voisins. Après la technique… c’est probablement juste pour les œuvres qui n’ont rien à dire ^^.

A digital painting on an invertebrate on a Pong video game screen by Kyesos

Laugh on your bones – copyright Kyesos

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